Le parcours de Mira: un chemin semé d’embûches

Mira Corina, aujourd’hui âgée de 21 ans, est née dans un village du district de Fenoarivo Atsinanana, situé sur la côte est de Madagascar à environ 100 km au nord de la ville de Toamasina. Son enfance fut marquée par les railleries et l’exclusion en raison de son handicap visuel. « Dans mon village, j’étais toujours mise à l’écart de toutes les activités parce que je ne voyais pas bien. Cela me faisait beaucoup de peine », murmure-t-elle. Un jour, des responsables éducatifs incitèrent sa mère à l’inscrire à l’école dans le but de favoriser son développement personnel et son autonomie. « Dès le premier jour de classe, ma mère m’a laissée seule pour que je puisse m’habituer à me rendre de la maison à l’école, mais je savais qu’elle me surveillait de loin. Avec mes limitations visuelles, chaque pas sur le chemin de l’école était un défi avec son lot d’obstacles : des chiens errants, des serpents, et parfois même des cours d’eau où je chutais », raconte-t-elle avec émotion.

Une intervention déterminante

Mira Corina n’aurait jamais imaginé que sa vie prendrait un nouveau virage après l’intervention de l’association Fanarenana dans son école. En effet, une équipe médicale s’y était rendue dans le but de rencontrer les élèves et de procéder à des évaluations pour dépister d’éventuels problèmes de vue et autres difficultés. C’est ainsi que le cas de l’écolière s’est révélé être une priorité absolue.

Elle se souvient avec un sourire en coin : « Ce jour-là, ma sœur et moi nous sommes cachées dans la forêt, parce qu’on pensait qu’ils étaient venus pour enlever des élèves. » À la demande du personnel médical de Fanarenana, le directeur de l’école a rendu visite aux parents de Mira Corina afin qu’ils puissent la convaincre de retourner à l’école pour la poursuite des consultations. Grâce au diagnostic établi et à la prise en charge qui a suivi, la jeune fille a pu se rendre à Antananarivo, la capitale, pour y être opérée d’une double cataracte. Ce qui a considérablement amélioré sa vision et la qualité de sa vie quotidienne. Néanmoins, quelque temps après, Mira Corina a malheureusement été victime d’une agression sexuelle sur le chemin de l’école : « Mon agresseur m’a fait tomber, cassant mes lunettes et me blessant les yeux », raconte-t-elle. « Dès que les membres de l’association ont été informés de cet incident, ils sont rapidement intervenus et j’ai subi une deuxième intervention chirurgicale. »

« Dans mon village, j'étais toujours mise à l'écart de toutes les activités parce que je ne voyais pas bien. Cela me faisait beaucoup de peine »

Une renaissance et un engagement inspirants

Dans la société malgache, le handicap est malheureusement parfois assimilé à une malédiction selon les croyances populaires. Ce qui expose des personnes comme Mira Corina à la stigmatisation et à la violence.

Afin d’assurer la sécurité et promouvoir l’inclusion des groupes les plus vulnérables, notamment les enfants et les jeunes en situation de handicap, l’association Fanarenana déploie depuis sa création en 2004, des initiatives visant à les soutenir sur les plans éducatif, sanitaire et social.

Avec le consentement de ses parents, l’association a pris Mira Corina en charge, lui fournissant un environnement sécurisé pour qu’elle puisse suivre ses traitements médicaux en ville ainsi que sa rééducation, et entreprendre une formation professionnelle en restauration. Elle a par ailleurs suivi des cours de danse.

En l’espace de deux ans, elle est passée d’étudiante à membre à part entière du corps enseignant de l’école de danse, témoignant ainsi d’un épanouissement aussi bien sur le plan professionnel que personnel. « J’ai également appris à jouer du tambour et du djembé, et je suis désormais monitrice pour des groupes de tout âge dans notre école de danse, ainsi que dans des écoles primaires et des collèges où nous intervenons », explique-t-elle. La jeune femme raconte aussi avec une évidente satisfaction comment elle a organisé le mariage de son frère aîné. « J’ai pris en charge la gestion de la salle, la décoration, le dressage des tables et le service pour les 150 invités. C’est ma plus grande fierté. »

Mira Corina aspire à utiliser ses expériences personnelles pour contribuer à la promotion de la reconnaissance des aptitudes intellectuelles et physiques des personnes en situation de handicap. « J’éprouve beaucoup de gratitude envers l’Association Fanarenana qui m’a permis de retrouver la vue et de me développer. Tout un chacun, sans distinction, a le pouvoir d’aider une personne en situation de handicap. Je voudrais dire aux jeunes : soyez persévérants, car vous pouvez accomplir de grandes choses. »

Mira à l’école avant

Mira après sa première opération

Mira bien portante aujourd’hui